« Ma vie, c’est le vélo »
Récemment réélu à la Tête du Comité des Hauts de France FFC, Pascal Sergent un homme de terrain et un véritable passionné de vélo qui nous dévoile comment il compte redresser cette fédération française de vélo malade. Comme il le dit il est dedans, depuis tout jeune. Il s’exprime pour le vélo, en tant que compétiteur dans sa jeunesse avec quelques victoires mais aussi à travers sa douce plume et plus de 50 livres à son compte et enfin en tant que Président de la FFC qu’il aime tant et dont il aimerait un nouvel épanouissement. Sans oublier son engagement en tant qu’élu de la ville de Don. Un véritable bosseur et amoureux du vélo.
Il a récemment voulu se soumettre aux questions de VELODOM PHOTO pour dévoiler sa personnalité et évoquer ses futurs projets pour le comité FFC des Hauts de France
D.Bertout : « Peux tu te présenter en quelques mots »
P.Sergent : « Je m’appelle Pascal Sergent, j’ai 62 ans bientôt 63. Je suis retraité comme on dit de la fonction publique territoriale même si mes journées sont bien chargées. J’ai deux filles et bientôt quatre petits-enfants. Donc de ce coté là c’est aussi bien chargé. »
D.Bertout : « Comment es tu arrivé dans le vélo, est ce que tu as fait des courses, et as-tu des souvenirs de cette époque-là ? »
P.Sergent : « J’ai commencé en école de cyclisme au VC Roubaix en 1973 avec notamment Alain Bondue et Daniel Verbraeckel qui sont de la même génération que moi. A l’époque, on était une centaine de gamins à se réunir. J’ai donc fait une année à l’école de cyclisme puis j’ai pris une licence au VC Roubaix de 1974 à 1977 en cadet, junior jusque Sénior. Ensuite, je suis parti au service militaire et j’ai repris le vélo en 1980. Sur la 1ère partie, j’étais motivé pour faire des courses, j’ai même gagné quelques courses. Je n’étais pas un champion mais plutôt un coureur local. Par la suite, j’ai repris le vélo pour être avec les copains. Mais avec mon activité professionnelle, je n’avais plus le temps de m’entrainer. J’allais aux courses pour rester dans le milieu. J’ai arrêté en 1980 mais je suis toujours resté dans le milieu du vélo. J’ai été dirigeant du VC Roubaix. Puis j’ai commencé à écrire pour Nord Eclair. Je suis toujours resté dans le truc. Après, j’ai été un des membres fondateurs des amis de Paris Roubaix au début des années 1990 puis j’ai commencé à écrire mes premiers bouquins. Ensuite, je me suis occupé du circuit Franco Belge. Maintenant au comité régional « La y a un sacré boulot ». Je suis aussi au conseil fédéral de la Fédé.
En ce qui concerne les souvenirs, j’ai eu quelques victoires. Les meilleurs souvenirs c’est bien sur quand on gagne. C’est un sentiment très fort. Quand on lève les bras, c’est un sentiment un peu spécial. Une jouissance très brève mais quelque chose qui marque très fort. Mais aussi l’esprit de camaraderie qu’on avait de rouler en peloton et d’être ensemble avec les copains. Quand on est plus jeune c’est la performance et par la suite c’est l’esprit de camaraderie. Je continue à rouler mais je n’ai plus cet esprit de compétition »
D.Bertout : « Selon toi, quel est le coureur qui marqué l’histoire du cyclisme ? »
P.Sergent : « Je distingue ceux qui ont un palmarès et ceux qui ont marqué le vélo. Au palmarès et hors concours c’est bien sur Eddy Merckx, il est sur une autre orbite. Mais comme Jacques Godet que j’ai eu la chance de côtoyer. Il mettait Coppi au-dessus de Merckx . Je n’ai pas connu Coppi mais j’ai pu discuter avec ses coéquipiers. Moi c’est pareil, je mets Coppi au-dessus et Merckx juste dans la roue évidemment. Coppi a fait des exploits extraordinaires et pas que dans le Tour, sur les championnats du Monde, Paris Roubaix, Lombardie, San Remo, le Giro, …. Il a un palmarès extraordinaire. Dans l’épopée cycliste. Coppi revient toujours dans les discussions. »
D.Bertout : « Tu es auteur de plusieurs livres, d’où vient cette passion et as-tu un livre en préparation ? »
P.Sergent : « Oui c’est une passion de plus de trente ans. Mes premiers bouquins datent de 1990. J’adorai déjà écrire pour des journaux. J’ai travaillé pour Nord Eclair mais aussi beaucoup de magazines comme Cyclisme International mais aussi la presse Italienne et espagnole. J’ai toujours aimé écrire puis j’ai écrit pour un bon nombre de magazines spécialisés. Puis en 1988 , je me suis dit ce serait bien de faire un bouquin sur Paris Roubaix. J’ai fait 2 volumes sur Paris Roubaix. Donc le début d’une longue épopée. Je viens de sortir mon 51ème bouquin. J’en sort chaque année, un ou deux et j’ai eu la chance d’avoir quelques bons éditeurs. J’ai sortit récemment un bouquin sur Luis Ocana. Là j’envisage de sortir un livre sur le cyclisme aux Jeux Olympiques depuis 1896 »
D.Bertout : « Parle nous un peu du Circuit Franco-Belge que tu as dirigé pendant quelques années ? »
P.Sergent : « Une bonne période malgré que le cyclisme était florissant. En fait, j’étais élu à Leers en 1995 et à l’époque, c’était Nord Eclair qui organisait le Franco-Belge en lien avec le Cazeau Pédale. Comme je travaillais pour Nord Eclair et élu à Leers. En 1995, le responsable sportif de Nord Eclair cherchait une étape. Donc moi étant élu à Leer, on a obtenu une arrivée à Leers. Par la suite, on a eu quelques réunions préparatoires et je suis rentré dans le comité d’organisation. Bien implanté dans le vélo et travaillant pour Nord Eclair, ils m’ont demandé de rentrer dans l’organisation. Tout d’abord Vice-Président, j’ai ensuite été le Président du Franco-Belge. J’étais d’ailleurs le seul français. Mais dans le vélo, il n’y a plus de français ou belge. Je suis resté 6 ou 7 ans Président. Après j’ai du prendre un peu de recul avec mon activité professionnelle. Travaillant dans le Pas de Calais, je ne pouvais plus assister à toutes les réunions. Je ne pouvais plus être Président. Je suis resté en très bon terme avec Louis Cousaert et toute l’équipe.
Ce fut une belle période. On a eu de beaux champions comme Bettini, Boonen, Musseuw. On a aussi eu les débuts de Cancellara, stagiaire chez Mapei. Tout ça ce sont de très bons souvenirs. Une belle épreuve. Il y a bien sur des anecdotes. En 2001 ou 2002, le soir, j’allais voir les équipes aux hôtels pour leur donner les classements. Je suis très copain avec Dirk Demol qui a gagné Paris Roubaix en 1988 alors directeur sportif chez US Postal. Un soir j’arrive dans un hôtel, Dirk m’offre un café et me dit « Tiens j’ai un coureur à te présenter. En fait, c’était Tom Boonen. Presque inconnu à l’époque et pas encore professionnel »
D.Bertout : « Tu viens d’être réélu au comité FFC des Hauts de France, à la fois une joie mais aussi un gros challenge pour toi. Quels vont être tes priorités durant cette mandature ? »
P.Sergent : « Il y a plusieurs axes. D’une part, il y a une érosion des licenciés pas que dans les hauts de France. Un peu dans tous les comités. Au-delà du vélo, c’est un peu dans tous les sports. Maintenant le sport est plutôt devenu un sport loisir et un sport de consommateur. Moins de compétiteurs. Erosion au niveau des licences mais aussi des compétitions.
Donc mon 1er challenge sera de redynamiser le cyclisme dans le comité. Sur une année normale on a 800 épreuves sauf l’an dernier où l’on a organisé 23% des courses. Cette année on croise les doigts mais à mon avis le début de saison sera encore perturbé. Nous on commence normalement Mi-Mars avec le Grand Prix de Lillers. Mais on ne sait pas si ça sera maintenu. On verra mais j’ai un peu de crainte. 1er Objectif donc c’est d’avoir une saison à peu prés normale. Essayer de récupérer un peu de licenciés. Mais aussi développer le cyclisme féminin chez nous. On a pas mal de féminines dans la région mais qui parte dans d’autres comités et d’autres structures. Je voudrais un club pilier dans les Hauts de France. L’idée c’est de pouvoir créer une DN2 pour commencer pour que les filles puissent rester chez nous.
Ensuite, 2ème axe le cyclocross. On voudrait retrouver un bon niveau. On se souvient il y a quelques années, des Bleuze, Cailleau ou Gadret. Aujourd’hui il y a un creux. Au championnat de France Elite de cyclo cross récemment. Aucun coureur du comité. Par contre, chez les jeunes on a de bons coureurs comme Paul Auchain et Hugo Ananie même si maintenant il est hors comité. Il faudrait remonter le niveau chez les élites. Pour l’an prochain, on voudrait une belle équipe pour les championnats de France à Liévin. Le comité organise des stages de formation avec John Gadret qui va faire de la prospection. Un gros travail a commencé et j’espère que tout cela portera ses fruits rapidement.
Il y a aussi d’autres réflexions à faire notamment sur la piste avec un anneau extraordinaire au Stab. On a de bons coureurs. On a remonté le niveau. Maintenant le mieux serait d’avoir des compétitions nationales comme le championnat de France ou une coupe de France. Ce sont des objectifs sur lesquels on travaille. »
D.Bertout : « La FFC a perdu pas mal de licenciés par rapport à une fédération UFOLEP en pleine expansion. A ton avis pourquoi ce phénomène et comment faire pour remédier à ce problème ?
P.Sergent : « On est maintenant plus dans un esprit loisir. Le phénomène compétiteur est passé à celui de Loisir. C’est une évolution de la société. Ce n’est pas propre au vélo mais aussi dans les autres sports. Il y aussi une crise du bénévolat. C’est souvent des personnes âgées qui gèrent les clubs. Il faut donc recréer une vocation. L’action du comité sera aussi de baisser le prix des courses. A partir de 2021, il y aura une baisse de 70 euros pour toutes les courses. On dit que les licences sont chères mais dans d’autres sports, on est plus dans les mêmes dimensions. Il faut aider les organisateurs.
En ce qui concerne l’UFOLEP, on n’est pas dans le même système. On voit souvent ceux qui critiquent les prix des licences mais ce sont les mêmes qui encouragent Julian Alaphilippe qui est passé par les sélections en équipe de France. Nous les dirigeants, on est tous bénévoles et on s’est met pas plein les poches. Toutes les sommes récoltées des licences ou courses vont dans l’action pour la formation.
L’UFOLEP ce n’est pas la même chose, il n’y a pas d’équipe de France, il n’y a pas de stages. L’UFOLEP draine des anciens FFC mais le niveau n’est pas le même. Il y a de la place pour tout le monde. Mais si un jeune veut évoluer, ce n’est pas à l’UFOLEP que ça se passe. »
D.Bertout : « L’an prochain, il y aura le championnat de France de cyclo cross à Liévin. Une bonne chose pour le comité ? »
P.Sergent : « C’est toujours important pour un comité d’avoir un championnat de France. Ça prouve la qualité d’organisation. Une compétition qui devrait se faire vers le 10 Janvier 2022. »
D.Bertout : « En 2021, quels seront les grands rendez-vous pour les Hauts de France ? »
P.Sergent : « On espère tout d’abord qu’il y aura Paris Roubaix. Sinon ce sont toujours les mêmes : championnats des hauts de France en Juin. Chez les Pros, les 4 Jours de Dunkerque, Fourmies, Isbergues : les rendez-vous incontournables. Ce que j’espère c’est d’avoir un calendrier amateur et donc d’avoir une saison à peu prés normale. »
D.Bertout : « Les Hauts de France possèdent un outil extraordinaire qu’est le Stab. Combien y a-t-il de pistards qui le fréquente et verra t-on de grandes compétitions à l’avenir sur ce bel anneau ? »
P.Sergent : « On a une centaine d’abonnés. Ça nous permet de remonter le niveau sur piste. On a des pépites sur la piste. On a des entraineurs et des encadrants de qualités. Le niveau a monté sérieusement depuis 8 ans. On le voit dans les résultats avec plusieurs titres de champion de France notamment chez les jeunes. On travaille pour avoir de bonnes compétitions comme les coupes de France qu’on avait eu il y a quelques années. Il y avait aussi l’Open de Roubaix avec les champions olympiques anglais. Le but c’est de pouvoir renouveler ces opérations. D’avoir à nouveau des coupes de France ou championnat de France. »
D.Bertout : « Au sujet du Stab, peut-on toujours faire des Baptêmes de la piste et combien ça coute ? »
P.Sergent : « Oui bien sûr et ça doit couter 10 ou 15 euros. On incite les jeunes à venir essayer. Il y avait auparavant des journées découvertes où 70 jeunes venaient s’essayer sur la piste. Ça permet de prospecter. La piste c’est un passage obligé. On parle beaucoup de la route mais la piste. C’est la où on apprend à rouler. D’ailleurs Arnaud Demare vient régulièrement s’entrainer au Stab. C’est très important la piste pour le placement ou pour les sprints. »
D.Bertout : « Connais tu VELODOM PHOTO, un mot sur ce magazine ? »
P.Sergent : « Oui bien sûr, heureusement qu’il y a des sites comme VELODOM PHOTO qui parle du vélo. Que ce soit pour la FFC ou l’UFOLEP. C’est toujours important d’avoir des gens qui viennent faire des photos, des articles. C’est bien de pouvoir voir les gamins sur les reportages qui gagnent des courses. Ça incite même d’autres coureurs à venir prendre une licence. Ton site est très important pour l’Ora et la reconnaissance du vélo. Je te félicite pour la qualité de ton site, ton investissement. Il est très bien fait et je reconnais ta passion. Tu vis avec le vélo moi je vis avec le vélo »
D.Bertout : « Quels sont tes souhaits pour l’avenir ? »
P.Sergent : « A titre personnel, pas beaucoup d’objectifs. En clair, ma vie c’est le vélo. Que ce soit pour l’écriture, les contacts avec les anciens champions. Aujourd’hui je passe beaucoup de temps pour le comité régional. Mais mes souhaits, c’est que l’on puisse avoir une saison à peu prés normale. Et qu’après cette pandémie, que le cyclisme puisse repartir. C’est aussi de pouvoir redonner beaucoup de temps au vélo par rapport aux satisfactions que j’ai eu. Aujourd’hui, il faut se serrer les coudes et bosser tous ensemble pour le vélo puisse de nouveau avoir une qualité de compétition et l’espoir d’avoir un calendrier normal. »
Pascal Sergent, un homme sympathique. Un vrai passionné de vélo dans tous les sommes du terme. Il veut rendre ce que le vélo lui a procuré. C’est-à-dire beaucoup de plaisir. Réélu à la Présidence du Comité FFC des Hauts de France. Il entend bien redonner de la couleur à cette belle discipline qu’est le vélo. Mais comme il le dit « Il y a du boulot ». Mais ce n’est pas un problème et pour lui comme il dit « Le vélo, c’est ma vie ». Nous lui souhaitons bon courage dans sa tache.
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